Vinyl
10 mai 2004 - 25 février 20O5
Vinyl est arrivé dans ma vie, par hasard.
Ma cousine, déménageant, confie à ma grand-mère sa chatte Paulette et ses deux chatons de quelques jours. Le chaton noir est déjà réservé, le gris, en revanche, n’a pas encore trouvé preneur.
Comme ma grand-mère habite à 100 m de chez mes parents, je viens souvent chez elle et assiste à la beauté de la vie. Si le chaton noir est costaud, le « petit gris », comme nous le surnommons, est rachitique. Et pour cause, sa mère refuse de le nourrir ! Alors, mamie s’occupe de « petit gris. Le chaton noir est vite baptisé Méphisto par mamie car c’est le roi de la débrouillardise et des bêtises, tandis que « petit gris » observe.
Les chatons grandissent et bientôt vient l’heure de les séparer de leur mère, qui n’en veut déjà plus. Je me suis attachée au « petit gris » et l’emmène fréquemment chez mes parents pour le faire cohabiter avec mon chien. Si des adoptants se présentent, autant qu’il soit habitué au chien ! Mais toujours pas d’adoptant ( je me renseigne fréquemment… )
Et puis, le miracle se produit, j’adopte le petit chaton, que je baptise Vinyl, année 2004, lettre V. Chéri étant fan de musique, papa suggère Vinyl.
Mamie est d’accord pour nous le garder, le temps que nous aménagions l’appartement que nous venons de prendre et puis, un jour d’octobre, nous sommes prêts à l’accueillir.
Mon joli chat est entré dans ma vie et je l’imagine dix ans plus tard, toujours avec nous.
Mon joli chat se blottit dans mon cou, tel une écharpe, et ne bouge pas quand je me promène.
Quant le temps est humide, il se blottit dans ma doudoune.
Mon joli chat est en pleine crise d’adolescence et commence à marquer son territoire. L’horrible odeur d’ammoniaque envahit l’appartement et je décide de prendre rendez-vous pour une « castration tatouage vaccins »
Le vendredi 25 février, je lui donne sa crème de gruyère, comme tous les jours, et nous prenons le bus pour rejoindre Chéri à son école. Nous partons en week end et mamie nous garde le chat. Je dois prendre une correspondance et je suis obligée de prendre le tram. Dans le tram, je sens que mon joli chat ne va pas bien et je cache son visage contre mon blouson car des enfants l’admirent et je ne veux pas qu’ils le voient ainsi.
Au terminus du tram, il y’a un coin d’herbe à quelques minutes et je décide d’aller déposer Vinyl dans la verdure pour voir ce qui ne va pas. Il ne tient pas debout. Je prends mon portable et appelle les urgences vétérinaires. Ils ne peuvent se déplacer et me conseillent, soit de rappeler vers 15h, soit de venir à 15h. Mais Vinyl est très mal en point, alors, je prends mon chat dans les bras et court rejoindre Chéri, qui passe un examen blanc. J’arrive à sa voiture ( je n’en ai pas les clés ), dépose délicatement mon chat dans l’herbe et passe encore quelques coups de fils mais aucune clinique vétérinaire n’est disponible. J’appelle mes parents en leur expliquant que Vinyl ne va pas bien…
Je reprends Vinyl dans mes bras et j’espère qu’il va aller mieux. Je détourne mon regard, il éternue, je me retourne, en joie, je me dis naïvement, il va mieux. Mais quand mes yeux accroche son visage, je rencontre l’horreur, mon « bébé chat » est en train de mourir et j’assiste, impuissante à la vie qui se retire. Mon joli chat a le visage taché de rouge, taché de sang. Hémorragie interne, sans autre explication.
Alors, je prends délicatement mon joli chat et le dépose dans sa caisse de transport, horrible cercueil, le couvre d’un de mes tee-shirts, pour ne pas voir sa tête.
Mes parents vont arriver, nous devons les rejoindre à un point de rendez-vous. La caisse de Vinyl, sur mes genoux, nous les rejoignons.
Papa se charge de mon Vinyl, ils l’amèneront chez leur vétérinaire.
Mon beau-père m’a bien proposé que nous l’enterrions dans son jardin, mais je ne veux pas, je ne sais pas ce que Vinyl a eu et je préfère que le vétérinaire s’en occupe.
Maman se charge d’annuler le rendez-vous vétérinaire du chat prit pour le mardi suivant.
Je m’enferme alors dans une sorte de dépression où tout me fait pleurer. Chéri me promet un chat quand nous serons bien installés. Alors, je me mets à espérer un autre chat mais l’été passe et toujours pas de chat.
Un jour de décembre 2005, nous mangeons chez mes parents, papa nous dit « Une collègue m’a envoyé la photo d’un joli chat qu’elle a recueilli » Par curiosité, je demande à voir la photo et je trouve que ce chat est quelconque mais Chéri le trouve beau et nous téléphonons à la personne pour venir le voir et, puis, je succombe et nous l’adoptons.
La suite, vous la connaissez, c’est Abbaye de Leffe, mon magnifique chat, celui qui a pansé mes plaies et m’a sorti de la déprime dans laquelle je m’enfonçais.
Depuis ce jour, j’ai pu enfin dire « Adieu Vinyl », refermé cette blessure et avancer dans la vie. Sans mon joli chat, certes, mais avec l’aide d’Abbaye de Leffe et plus tard, de Sapho.
C’est pour cette raison, qu’à cause de Vinyl, je ne souhaite plus de chaton. Il m’a tellement faite souffrir que je préfère ceux qui ont dépassé l’âge d’un an !