Le chat noir
Un fantôme est encor comme un lieu
où ton regard se heurte contre un son;
mais contre ce pelage noir
ton regard le plus fort est dissous:
ainsi un fou furieux, au paroxysme
de sa rage, trépigne dans le noir
et soudain, dans le capitonnage sourd
de sa cellule, cesse et s'apaise.
Tous les regards qui jamais l'atteignirent,
il semble en lui les recéler
pour en frémir, menaçant, mortifié,
et avec eux dormir.
Mais soudain, dressé vif, éveillé,
il tourne son visage dans le tien:
et tu retrouves à l'improviste
ton regard dans les boules d'ambre
jaune de ses yeux, enclos
comme un insecte fossilisé.
Rainer Maria Rilke (Nouveaux poèmes)
Le texte qui suit est une histoire vraie relatée par une école du chat.Lorsqueje l'ai découvert sur le Net,il m'a bouleversée et je vous le fais partager :
Trente petits Lorrains
La mort est arrivée
La mort a emporté
Celle qui depuis longtemps a cessé de lutter
Elle vous a laissés
Dans ces miasmes glacés
Il fait si froid
Il fait si noir
Dans cet abîme de désespoir
Elle vous a laissés
Vous ses enfants, qu'elle s'est tuée à aimer.
Vous êtes seuls,
Vous êtes trente,
Et tous vivants.
Trente petits Lorrains qui ne veulent pas rester au fond du puits,
Qui ne veulent pas mourir.
Vos regards nous supplient
Vos flancs tout décharnés
Vos yeux si enfoncés
Nous appellent au secours
Et attendent le jour.
Petits Lorrains vous êtes des rescapés de la nuit
Vous ne vouliez pas mourir.
Nous vous avons extraits de cette fange immonde
Nous avons refusé la solution facile
Radicale
Finale
Vous que cette misère n'avait pas enlaidis
Vous avez envahi
Nos maisons.
Vous qui êtes aujourd'hui pansés, réconfortés,
Qui avez nom Arsène, Mirabelle ou Circée,
Gribouille ou Capucine,
Lutin ou Colombine,
Pelages roux tigré noir et blanc gris cendré
Prunelles émeraude agate soleils dorés.
Athos le benjamin
Dévoré par la faim,
Jojo, le vieux Jojo, tout couvert de blessures
Nous offrant sa douleur, ses ulcères et ses plaies.
Petit chat de la nuit,
Basile en vain cherchant la lumière du jour,
Et Lorette, appelant encore et toujours
Celle qui l'avait aimée, mais qui s'en est allée
Très loin, à tout jamais.
Trente petits Lorrains qui ne voulaient pas rester au fond du puits
Qui ne voulaient pas mourir
Trente petits Lorrains que nous avons aimés
Et qui aiment la vie
Marianne Courrejou
Et pour finir avec une note plus gaie:
Le p'tit chat
Le p'tit chat me r'garde
Il ne bouge plus ( ou presque )
Ses yeux écarquillés m'invectivent:
"J'vais t'repasser!
J'vais t'écraser!
J'vais t'laminer!
J'vais t'transformer en tapis tapé tarabusté tout tordu!"
Le p'tit chat me r'garde
Silence...
Ouh!
Fais gaffe mon vieux ( me dis-je )
Le p'tit chat me r'garde
Il a enfilé ses gants de boxe
( ceux avec des poils autour )
Le p'tit chat me r'garde, et :
Pif!
Paf!
Bing!
Crochet droit! Crochet gauche!
"T'aurais mieux fait d'jamais m'adopter!
J'vais t'écraser!
J'vais t'laminer
J'vais t'embouteiller!"
1... 2... 3...
Ahhhh!
K.O
La p'tite brute ronronne!